13/06/2014

Chez la gynéco

magazine-causette-

Salle  d’attente d’un centre de radiologie. Le toubib est une femme. Pas besoin de lire son nom sur la plaque, la ribambelle d’hommes qui patientent à l’extérieur, alors qu’il n’est que 9h15 et qu’il fait déjà 30°, annonce la couleur. De la pudeur pour rien. Parce que jusqu’à preuve du contraire on reste habillé dans la salle d’attente !

La première fois que j’ai vu ça c’était dans la salle d’attente d’une gynéco. Enfin : le long du trottoir devant le cabinet de la gynéco, sur le pas de la porte du cabinet de la gynéco, dans le couloir menant à la salle d’attente d’une gynéco… Des bonhommes à moustache, silencieux et gênés.  Au début j’ai crû mettre trompée d’adresse. Bizarrement aucun d’eux ne semblait reluquer les femmes qui passaient. Ils regardaient tous leurs pieds ! Je savais pas que c’était honteux d’aller chez le médecin moi. Je croyais que c’était normal.

Et donc ces messieurs, qui servent de chauffeurs à ces dames, ne les quittent pas d’une semelle. Moi j’avais demandé à une copine de me dénicher une gynéco open mind, parce que j’ai passé l’âge d’entendre des leçons de morale, parce que je n’ai jamais eu l’âge d’entendre des leçons de morale. Et là je me retrouve avec une colonie de gardiens du temple.

Pire : j’entre dans la salle d’attente et là la plupart des femmes sont en niqab. Bon je suis pour la liberté de tous. Mais la gynéco open mind avec une clientèle niqabée ça m’a refroidie. Et puis j’ai pigé : ça parlait curetage à gogo et hyménoplastie. En langage courant ça veut dire : comment avorter et puis se faire recoudre l’hymen. Magnifique !

Un bonhomme un peu perdu, qui devait attendre sa femme depuis trop longtemps, s’est risqué à mettre un pied dans la salle d’attente. Il n’avait pas fini d’y passer le nez que toutes les femmes se sont mises à hurler. Putain c’est une salle d’attente ou un hammam ce truc ?

Là changement de sujet : «  Les hommes ne doivent pas rentrer parce que comme ça on peut s’asseoir comme on veut ! Ouais ! Même avec les jambes écartées ! Ouais ! Et on peut relever notre niqab ! Comme ça on est libre ! »  Donc si tu chopes pas une cystite tu peux pas être libre ? Ok.

Donc en arrivant devant le centre de radiologie je n’ai pas été étonnée. C’est dans la salle d’attente que j’ai kiffé. En face de moi deux femmes en niqab. Jusque là tout va bien. Sur la table basse une montagne de magazines féminins. Et là au milieu une perle : Causette, LE magazine féministe français. Une des deux femmes en niqab l’attrape et dit à son acolyte : « Viens on va lire leur article sur l’orgasme féminin. »

Oh yeah !

 

La Rue

 

Partagez

Commentaires

Lina Trabelsi
Répondre

Ton billet me fout sur le cul ! Étonnant de voir les mentalités dans un pays où la femme a le droit d'avorter ! Contente de savoir que les salles d'attentes algériennes sont similaires aux tunisiennes !