Conversations impudiques

23/06/2014

Conversations impudiques

Alors y’a ceux qui sont pudiques à te casser les couilles et y’a ceux pour qui clairement le reste du monde n’existe pas. Ben j’ai croisé trois de ces spécimens en une seule journée.

Début de journée dans le taxi. Je monte, salue le conducteur, qui n’arrête même pas sa conversation téléphonique pour me répondre. « Habibiti je t’aime, tu es douce comme du miel ! Habibti, tu m’aimes ? Je te manque ? » Un blanc. C’est Habibti qui lui répond. Elle doit lui dire qu’elle aussi elle l’aime. Bon chacun ses goûts parce qu’il est pas hyper sexy le mec quand même, avec sa casquette et son maillot de foot, étiré par son gros ventre. Bref.

Habibti lui dit qu’elle l’aime. Ou alors elle lui dit autre chose parce que le mec lui répond : « Quoi? Qu’est ce que je veux manger ? Mmmh tu sais bien ce que je veux manger! Hein Habibti, je veux te manger toi! » Oulala j’ai envie de mourir ou d’être sourde là. Moi j’ai pas envie qu’il me mange, j’ai pas envie de l’imaginer en train de manger quelque chose ou quelqu’un, je viens de prendre mon petit déj’ que j’ai pas encore digéré. En plus il a une conduite « sport » ce qui veut dire qu’il ne rétrograde pas dans les virages, qu’il accélère pour rien et pile au dernier moment.

Enfin j’arrive à destination et pour oublier tout ça je vais prendre un café.

Midi, je déjeune avec un pote. On est bien, installés en terrasse, dans une gargotte où l’on te serre des assiettes à pas cher. Il faut juste éviter d’aller regarder en cuisine. Les serveuses font peur, la tenancière aussi. Mais ça nous va. Alors on est là et on mange. Et puis une jeune fille sort du resto. Une des serveuses l’interpele. C’est sa mère.

– Où tu vas ?

– Je vais voir le mec dont je t’ai parlé. J’ai rendez-vous avec lui. Bon je l’aime pas trop, mais il s’en sort bien dans la vie, il a de l’argent.

– Ah ben c’est bien, lui répond la mère. Essaie de rester avec lui toute l’année alors, c’est mieux pour nous.

Et la fille s’en va guillerette.

Et me voilà en train de repenser à mon chauffeur de taxi du matin, qui, finalement, n’était pas si glauque que ça.

 

La Rue

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Commentaires

Julien DEMBELE
Répondre

Joli billet !
C'est le 21è siècle hein !